Plan Local d’Urbanisme de Saint-Christophe

A Saint Christophe sur le Nais, les parcelles de la Massicaudière, pourtant classées en AOC Coteau du Loir, sont menacées de devenir un futur lotissement.

Une atteinte à notre patrimoine agricole

Saint-Christophe-sur-le-Nais a un riche passé viticole. Le législateur a reconnu la qualité de son terroir et a fait classer, en 1948, ses meilleures parcelles dans l’Appelation d’Origine Contrôlée (AOC) Coteau du Loir*. Ces parcelles doivent être protégées de toute urbanisation pour qu’elles restent disponibles à la culture de la vigne et que les générations futures puissent en profiter.

Avec une très grande sagesse, le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) du récent Plan Local d’Urbanisme de Saint-Christophe (disponible sur le site internet de la mairie) s’est donné comme objectif de préserver les terrains classés en AOC de toute urbanisation. Le PADD est la clef de voûte du plan local d’urbanisme. Il doit présenter de manière claire et concise les grandes lignes de la politique d’aménagement et d’urbanisme que la commune met en œuvre dans les autres parties du plan (orientations d’aménagement, règlement et documents graphiques).

Etrangement, le document d’Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) de ce même PLU prévoit de lotir les parcelles de la Massicaudière, en omettant de mentionner qu’elles sont classées en AOC Coteau du Loir. Vu l’objectif clair du PADD, cette anomalie n’a malheureusement pas été relevée lors des consultations initiales de l’élaboration du PLU.

Les parcelles de la Massicaudière, situées à l’orée du village, sont actuellement des terres nues, les vignes ayant été arrachées il y a quelques années. Cependant, ce n’est pas l’occupation du sol en vignes qui en fait le classement en AOC. La délimitation des parcelles en AOC par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) ne tient pas compte de la présence de vignes, mais d’un potentiel de terroir arrêté par une commission d’experts.

L’urbanisation des parcelles de la Massicaudière est très navrante alors que le parlement, actuellement dans la Loi Climat, demande à ce que l’on soit beaucoup plus strict dans l’artificialisation des terres agricoles – 596 000 hectares de terres agricoles nourricières ont été artificialisés ces dix dernières années en France -. La Ministre du Logement, Emmanuelle Wagron, défend le fait qu’il faut diminuer de moitié l’artificialisation des terres dans les dix ans puis encore de moitié dans la décennie suivante. Des vignerons cherchent actuellement des terres à Saint-Christophe pour replanter de la vigne, ce qui démontre l’attrait que pourrait avoir les parcelles en AOC de ce village dans les années à venir. Les parcelles de la Massicaudière sont particulièrement intéressantes car étant en terre nue, elles sont directement utilisables. Une culture en agriculture biologique de la vigne sur ces parcelles aurait une attractivité esthétique indéniable pour le village de Saint-Christophe car on y verrait également revenir une végétation inféodée à la vigne, telle que, par exemple, les tulipes sauvages.

Espérons que nos élus prennent conscience de l’intérêt que nous avons à préserver les parcelles en AOC de la Massicaudière de toute urbanisation et qu’ils mettent rapidement en œuvre une procédure de révision du PLU de Saint-Christophe pour mettre fin à l’incompatibilité juridique entre deux de ces documents.

Philippe Gilot

* Carte officielle des parcelles en AOC Coteau du Loir